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Quand Azilis rejoignit le dux et ses hommes dans la cour, elle marchait la tête haute et le sourire aux lèvres.
Elle chercha Kian du regard. Il était déjà en selle et regardait au loin, le visage fermé. Assis devant lui, un garçon aux cheveux blonds observait les cavaliers de ses grands yeux bleus.
Arturus s’approcha d’Azilis. Il posa ses mains sur ses épaules et déclara :
— M’autorises-tu à t’embrasser comme une sœur, Niniane, toi dont le frère est le plus fidèle de mes compagnons ?
Le regard d’Arturus glissa vers Myrddin quand il prononça ces mots et elle perçut le reproche dans sa voix.
— J’en serais très honorée, Arturus.
Il l’embrassa affectueusement avant de poursuivre :
— Je vous souhaite de retrouver Ninian vivant et en pleine santé. Je tiens aussi à te remercier une fois encore pour les soins que tu m’as prodigués. Si je devais être gravement blessé, c’est ici que je me ferais conduire, n’en déplaise à Alexion ! J’ai en tête un cadeau à t’offrir qui, je crois, devrait te plaire. Mais je ne pourrai te le donner que dans quelques mois, après mon retour de Dumnonia. De toute façon, il n’est pas… tout à fait prêt.
Il souriait et Azilis ne put s’empêcher d’être intriguée. Cependant, Arturus se pencha vers elle et murmura :
— Ne m’en veux pas de te priver de ton compagnon.
Il se redressa aussitôt et se tourna vers Caius qu’il serra contre lui avec affection :
— Reviens-moi vite, Kaï.
— Avant la fin de l’été. Avec des coffres remplis d’or et de beaux chevaux.
— Dont nous avons grand besoin. Myrddin…
Il se tourna vers le barde.
— J’espère te retrouver très vite. Ici, à Venta, ou ailleurs.
Myrddin s’avança vers lui et ils se donnèrent l’accolade. Azilis prit congé de Gwalmai qui venait de saluer Enid, de Gwynnan et de Cannaid, son porte-lance. Puis elle s’approcha de Kian qui baissa enfin les yeux vers elle.
— Je te souhaite un bon voyage, Kian, dit-elle en latin, d’une voix plus ferme qu’elle ne le craignait. J’espère que tu trouveras ce que tu cherches.
— Je te souhaite bon voyage, Niniane. J’espère que tu trouveras ce que tu cherches.
Elle serra les dents. Il était si froid, si dur ! Et il l’avait appelée Niniane. Il n’aurait pu mieux décréter que tout était fini entre eux.
— Tu ne descends pas d’Orion pour me dire adieu ?
— C’est déjà fait, non ?
Elle recula. Elle ne franchirait pas le mur qu’il avait dressé entre eux. Elle se détourna pour qu’il ne voie pas ses larmes et rejoignit Enid d’un pas rapide.
Quelques instants plus tard, la troupe de cavaliers quittait la villa au galop. Azilis les regarda s’éloigner jusqu’à ce qu’il ne subsiste d’eux qu’un nuage de poussière à l’horizon.